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Theory est une enseigne de prêt à porter. Il y a cinq boutiques Theory à Shanghai. L’une d’elles se trouve dans le centre commercial Réel. Mais, heureusement pour nous, il n’y a pas que la théorie. Et quand le réel s’escamote en trademark, avec des petits © et des petits ® partout, l’urgence est sans conteste à la poésie, sans grand ℗, qui est un travail du regard errant dans la ville, perçant les façades et les mots. Car le design du quotidien jusque dans ses moindres recoins doit être déjoué de force en théâtre de rue. C’est à ce prix que s’ouvriront d’autres scènes pour reconstruire d’autres mondes.
Acte I
D’après l’hypothèse de l’écran d’en face
Escaliers, ouverture
Tractopelle étincelant et rugissant,
Chute
Ils sortent de la scène à la troisième scène 4
Acte II
Scène 1
Lumière au fond
Tractopelle
Sur le trottoir
Y monte
Scène 2
Le conducteur sort
Déplace les pierres
Disparaît
Scène 3
Vers le scarabée bleu qui déploie ses ailes et les replie, inflige un quart de tour arrière, déploie ses ailes
Scène 4
Manœuvrant, nettoyant, jetant dans le scarabée
Scène 4
Scène 4
Scène 4
Scène 4
Scène 4
Acte III
Scène 1
S’est-on un jour reflété dans les remorques d’un scarabée ?
Scène 2
C’était possible pour une fois, dès que nous n’avions plus besoin de regarder la rue et l’analyser. Juste s’attachant à la lumière sourde faisant face.
Scène 3
En simultané avec l’acte II, nous nous tenons debout et assises. L’arrêt est très patient, même très volontaire.
Scène 4
Dans plusieurs mains
Pour des photos
Une vidéo
Quelques flashs
Quelques mouvements de prêt de téléphone
Scène 5
Nous sommes aussi en simultané spatial de l’acte I. Notre intention est face à notre première inten- tion. Les personnages ont été réécrits, les cartes redistribuées.
-1
-2
+1
Ni une houle
Peut-être un ou deux cigares ? Nous pourrions être encadrés.
Acte IV
Scène 1
Vrombissement flou
Application du vert et du jaune (rideaux opaques et métalliques)
Du vert et du jaune se hurlent en ah
Scène 2
Vrombissement fort
Cris d’un bâtiment à l’autre. Ce ne sont pas des navires pourtant. On s’engouffre dans leurs entonnoirs.
Scène 3
Est-ce un dôme qui fond ?
Il nous surplombe
il nous agrippe, nous manœuvre en croyant aller tout droit.
Scène 4
Deux voix se sont chevauchées et croisées, elles ont créé un pont dont la silhouette était marquée, et ses passagers aussi. Nous constaterons donc qu’il s’estompe et perd ses dimensions.
Scène 5
Sa dimension plate est uniquement établie par le son qui, lui aussi, graduellement, recule.
À droite : continuer sur un autre pont, sans s’arrêter.
Réfléchir comment la réécouter.
Acte V
Scène 1
Sous une grue superbe et rouge s’établit une
ronde un peu avachie
ou mal payée
Autour d’un cercle parfait et creusé
On distingue de l’eau lisse et boueuse, vert-de- gris
Scène 2
D’un coup le trou est éclatant
En jaillissent des étincelles
Inégales
Elles diminuent
La ronde est plutôt diurne
Les étincelles jouent sur tous les tableaux, sans retenue
Elles surgissent encore ici, comme à la scène 4
Acte VI
Scène 1
Nous sommes rendus à la scène principale. Elle est figée et constante, en cela elle est principale. Elle a constitué dès le départ le fond du décor. Elle est aussi l’inverse de toutes les autres scènes, qui parfois s’illuminent, explosent, disparaissent, hurlent, percent, sursautent
Elle est invariable et quotidienne.
Acte VII
Scène 1
Début impossible à déterminer
Distance qui nous sépare impossible à déterminer
L’espace entre nous est noué, des centaines de fois
Il est très occupé
Une vitre
Une rangée
Des buissons
Du passage
Un trottoir
Quelques mètres vers le haut
Scène 2
Deux intentions percent les attentions nouées
Deux aspects jaunes et involontaires
Au bord de doutes
Scène 3
Mon attente est terminée
Acte VIII
Scène 1
...
Une tente qui re...
Une tente, une tente...
Une tente avec les trois bandes bleu blanc rouge Fermée de tous les côtés, un peu bricolée Lumière très forte et blanche à l’intérieur
Un peu fermée
Environnement qui gargouille
Il fait nuit
Mais il est encore assez, tôt, entre chien et loup on va dire
À l’intérieur il y a peut-être deux personnes qui s’activent
C’est plutôt une machinerie qu’une habitation
Par derrière
Collée à cette tente derrière il y a une espèce de gros tube jaune, cylindre jaune, et de la fumée qui s’échappe aussi par le coin arrière gauche de la tente
Scène 2
Cette tente ressemble beaucoup à celles des
celle des orchestres et des marionnettistes
Acte IX
Scène 1
Le projecteur est dirigé vers le protagoniste principal
son écran s’emploie à réfléchir cette lumière
Scène 2
Tu fais quoi
Regarde
Regarde quoi
J’aime bien c’est beau
« Le geste avec la lumière en face de nous »
Ah, on continue ?
Scène 3
Au travers de la rue :
avant le trottoir d’en face, un personnage interrompt (il est flou)
avant le trottoir d’en face, quelques voitures
et enfin au travers :
un autre personnage organise des mouvements de bas en haut et circulaires autour du personnage principal
le personnage principal, donc:
Scène 4
contenant un rythme régulier et haché
il éteint peu à peu cette lumière en enroulant
l’écran de la pièce
le camion du projecteur reste paraît-il
Scène 5
la pièce n’a plus d’écran, elle n’a plus de lumière, les personnages se sont dissipés, l’intérêt s’est évanoui, quelques lueurs moroses nous rappellent que la pièce est dans un espace qui n’a de cesse de se définir comme réel
c’est ainsi que nous terminerons
On réécrit le nom des personnages à chaque tirade Didascalies/extraits Voici un spectacle rejoué, dont le temps détermine l’improvisation. On s’est d’abord connecté au placard et en se relayant soi- même dans la course, la durée imposée de l’autorisation de regarder a sauté. Ce ne sont que des didascalies continues, extraites – elles et tout leur poids d’extrait – de leur contexte pour les propager et les exercer en hasards ponctuels. La récolte a été lente, difficile à satisfaire, il a fallu négocier avec les propres langues des durées et des contextes. Mais la recherche était toujours bondissante.
La villeL’affrontement d’un ordre formel – impeccablement soudain – avec une bêche réelle qui ne croit en rien sauf en elle-même, prend place là-bas dans toute sa particularité. Allons faire des monuments et des colonnes sans opinion dont les attentions seront synchronisées. L’échelle qu’ils induisent traduit un effet de décor et visibilise les rouages de changement. Le labyrinthe de la ville ne se fait plus par l’architecture même mais pas le fait qu’on ne connaisse plus son architecture proche, ou immédiate. Les pèlerins pressés seront surpris d’une explosion ou d’une place orientée différemment auparavant. La narration décorative se fait là où ils sont. Ce moment étendu, long ou bref, devient structure d’une ville. Il en devient aussi sa deuxième peau.
DécoupageTout ce dont on se souviendra sera de ne pas reproduire ou imiter. On utilisera simplement des découpages, qui, comme registre et vocabulaire, seront des cartes à jouer dans un dispositif. Ils seront haletants dans une forme très courte. En strates et strates, ce qui a été vu est doucement tiré vers une équation qui détermine la lecture. La lecture muette sera rompue par un œil univocisant moulant ensemble alpinistes, tricheurs et flashs. Une fois agglomérés, ceux-ci se défont nonchalamment en lambeaux et battent en brèche. Il est temps de penser à la diffraction de la fin du monde !
SuperficialitéLe théâtre d’ombres chinois a aujourd’hui encore quelques spectateurs, et ceux-ci sont autant intéressés par l’envers que l’endroit de l’écran. C’est un détail de toute son histoire qui s’est afféré ici. Et malgré toute sincérité, malgré toute
honnêteté, malgré toute envie, malgré. on ne peut qu’admettre la superficialité des connaissances utilisées ici. Elles se déploient mollement en cotillons en serviette-éponge. Cette membrane s’occupe à suffoquer dans la deuxième peau évoquée plus tôt. Et lorsqu’elle s’étouffe, un invité de l’image proche de nous se détache et présente la phase suivante, celle qui est est éclatée.
PersonnagesLa disparition des personnages prend effet immédiatement. Leurs gestes et déplacements sont trop représentatifs, alors même s’ils font apparaître la scène en tant que telle, une fois qu’elle existe dans un regard en particulier, il ne sont plus nécessaires. Il forment la construction, mais ne sont pas utiles, et sont même superflus aux narrations que l’on peut projeter. Cette séance que l’on s’imagine fait qu’en distorsion, les portraits sont fidèles. Et les gens de l’otage – les personnages – sont curieux. Mais en fait, on les veut de nouveau. Leur réapparition montre qu’ils étaient aussi une couche de plus à l’élévation. Et ils s’installent, dans un dédain content.
Statutsprojection Toutes ces scènes extraites avaient pour dessein de se projeter. De se projeter par transparence, en utilisant des techniques d’ombres et de couleurs sur des supports toujours en élaboration. Il faut les scotcher à des endroits stratégiques. Ceux-ci peuvent être une surface gigantesque et éloignée, un coin domestique, des panneaux mobiles, un battant en verre coulissant, un drap tendu par des personnes se relayant... tant d’espaces qui se convertissent en surface de projection. Ils font face, par le mode de monstration même, à une lumière plus ou moins forte, qui créé le couloir scénique du dispositif. C’est dans ce couloir que les images des scènes choisies prennent sens, se stratifient et se complexifient par le contexte.
Temporalitéces images Les scènes ont toutes été rencontrées au hasard. Elles ont été aspirées en tant que scènes à travers des indices de forme, tels deux rideaux très hauts, un projecteur soulignant un geste répétitif, une arcade sonore, un public avatarisé, renversé, l’appel à une mémoire culturelle personnelle. Toutes ces relations sont programmées par des marchands de câbles, charlatans ou hypocrites, afin qu’elles se muent en potentialités désirantes. Afin de remplir l’absence de carence. Afin d’assimiler des protocoles et des machines de production de feuilles molles. vocabulaire images De nouveau, les images ont été collectées, rassemblées, conservées. Les conserver ou non, puis les utiliser ou non s’est fait par affinité ou par hasard. Un protocole strict de choix réfléchi et justifié n’a pas été nécessaire. Ce vocabulaire s’est constitué en fonction d’attractions plastiques, d’émotions ressenties en tant que spectatrice en direct, d’approximations appréciables, de spontanéité de la prise de note photographique mentale. textes en actes Pour en finir avec le comportement, pour y faire une croix, quoi de plus efficace que des directions autoritaires ? Auxquelles on ajoute beaucoup de conviction, beaucoup de foi, beaucoup d’assurance. Une scène théâtrale temporellement, induit généralement un hors-champ. Elle est parfois mesurée par la combustion d’une bougie. La durée de la scène est est déterminée par un élément extérieur et simplement pratique. C’est ce type de mesure qui est recherché ici. C’est une fonction aléatoire, en orbite, qui doit mener le temps de présentation. Et juste avant l’essoufflement de la part de tous les participants, l’histoire s’interrompt. Les voisins ont sûrement leur mot à dire.
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Code du système |
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https://www.youtube.com/watch?v=lGQ2lTioRwM croquis méthode de visionnage (événement 2) écran de visionnage (événement 2) |
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Notes de construction : |
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Comès, Dider, Silence, 1979 Christin, Pierre, Tardi, Jacques, Rumeurs sur le Rouergue, couverture de 1976 Peeters, Benoît, Schuiten, François, Les Murailles de Samaris, 1983 |